Jacques Jean Vernet, Michèle V. Boisrond, Wilky Toussaint et Kesner Pharel sont intervenus sur la question : « Comment l’Université peut-elle contribuer au développement de la technologie et de l’entrepreneuriat en Haïti? » lors de la cinquième BM Conversation, organisée par BUSTEK MEDIA, le jeudi 27 avril 2023, dans les locaux de l’hôtel Montana.
« Alors qu’Haïti est en proie au sous-développement depuis des lustres, l’on se pose encore la question : Comment amorcer son développement à travers l’Université, la technologie et l’entrepreneuriat ? ». Tel a été les propos liminaires de Shonly Bonel LAGUERRE, Fondateur de BUSTEK MEDIA, dans son discours d’introduction à la cinquième BM Conversation. Cet espace de discussion et de réflexion, accueilli par l’hôtel Montana pour cette édition, s’est tenu autour du sujet : « Comment l’Université peut-elle contribuer au développement de la technologie et de l’entrepreneuriat en Haïti ? ».
En effet, « il est évident que la technologie et l’entrepreneuriat sont au coeur du développement durable actuellement, en ce sens qu’ils soutiennent et accélèrent la croissance économique, améliorent les conditions sociales et contribuent grandement à résoudre des problèmes sociaux, surtout à travers l’innovation », a affirmé Shonly Bonel LAGUERRE, présentateur vedette de l’événement. Une fois de plus, en dépit de l’insécurité qui gangrène le pays, des centaines de participants ont répondu par l’affirmative à l’appel de BUSTEK MEDIA pour cette cinquième BM Conversation.
Université et entrepreneuriat : Entre formation et accompagnement
Si cette BM Conversation a suscité autant d’intérêt, c’est qu’elle fait suite à la quatrième édition, qui a eu lieu le 8 septembre 2022 autour du sujet « quelles innovations technologiques faut-il pour développer Haïti? ». Les panélistes de cette discussion ont laissé entendre qu’à elles seules, les innovations technologiques ne sont pas suffisantes pour développer Haïti. Encore faut-il un écosystème favorable, duquel fait partie l’Université. Il est donc légitime de se demander comment celle-ci peut contribuer au développement. « Dans tous les pays où des entreprises évoluent, il y a une structure qui le favorise », avance l’entrepreneure sociale Michèle Boisrond, se référant, entre autres, au secteur financier, aux entreprises et compétitions susceptibles de générer des financements pour les projets. Jacques Jean Vernet est du même avis. Outre la recherche académique, au niveau de la recherche appliquée, « les universités créent des centres de recherche, des instituts, des laboratoires et des observatoires », avance le sociologue. Cela étant, « une institution peut avoir des problèmes et aller vers une université, la finançant pour qu’elle puisse lui trouver les solutions appropriées ».
Lire aussi : À elles seules, les innovations technologiques ne sont pas suffisantes pour développer Haïti
Sous ce jour, l’universitaire Wilky Toussaint avance que « l’entrepreneuriat permet aux gens de garder les yeux ouverts sur la situation qui se présente dans l’espace dans lequel ils évoluent ». De ce fait, « l’entrepreneuriat n’est pas seulement là au niveau de la création d’entreprises mais sert aussi de guide pour réfléchir sur l’environnement de façon à faire des propositions, innover et créer », souligne t-il. D’où l’importance de l’Université qui, non seulement crée les compétences, mais donne aussi l’accompagnement nécessaire.
Il faut que « la formation et l’accompagnement universitaires soient adaptés aux besoins de la société »
En effet, Michèle Boisrond met en lumière l’accompagnement que les étudiants peuvent bénéficier des universités. Elle propose notamment le placement de jeunes stagiaires, la mise en application des projets de sortie et l’accompagnement des startups à travers des ressources humaines, des conseils, entre autres, et de l’aide au niveau de l’implémentation. Il faut que « la formation et l’accompagnement universitaires soient adaptés aux besoins de la société », déclare, à cet effet, le professeur Vernet.
Déconcentration du savoir au sein des universités
Par ailleurs, le sociologue croit certes que la formation et l’expérience universitaires constituent un atout essentiel pour exceller dans le secteur entrepreneurial, mais il émet des réserves. « Vous n’êtes pas obligés d’être détenteur d’un diplôme universitaire pour devenir un bon entrepreneur. Ce qui importe c’est la place accordée à la connaissance et à l’université dans le pays et/ou la société en question. » confie t-il. « Si l’on n’accorde aucune place au savoir dans quelle que soit l’initiative, qu’il s’agisse d’une entreprise individuelle ou d’une institution, elle est condamnée à l’échec », avance t-il en déplorant le fait que les dirigeants et les politiques publiques n’accordent pas la place qu’il faut aux connaissances et particulièrement aux universités. S’il en est ainsi, l’économiste Kesner Pharel propose aux universités de déconcentrer le savoir.
« Les universités, particulièrement dans un pays aussi pauvre qu’Haïti, ne devraient pas seulement rester dans la recherche extrêmement pointue. Elles doivent aussi faire de la recherche appliquée ».
« Les universités, particulièrement dans un pays aussi pauvre qu’Haïti, ne devraient pas seulement rester dans la recherche extrêmement pointue. Elles doivent aussi faire de la recherche appliquée ». En ce sens, « nous devons favoriser le partage de connaissances », ajoute t-il en soulignant que l’entrepreneuriat peut faire l’objet d’enseignement spécialisé, de la sensibilisation ainsi que de l’enseignement au niveau diplôme.
Effectivement, « l’entrepreneuriat peut être pris comme thématique si vous êtes chercheur […]. Dans certaines universités, il y a des départements d’étude, des programmes spécifiques et même des instituts à cet effet », fait savoir le doctorant en sociologie, Jacques Jean Vernet. « L’entrepreneuriat peut aussi constituer un objet d’étude. Une université peut s’intéresser à analyser comment le secteur entrepreneurial se développe dans un pays et voir à quelle logique il répond ». Toujours est-il qu’il faut favoriser l’inclusion selon le mot de Kesner Pharel.
Inclusion de tous dans et pour le développement !
« L’Université doit intégrer la population à tous les niveaux pour favoriser le développement », croit l’économiste Kesner Pharel. « Toutes les politiques doivent intégrer la technologie pour favoriser l’inclusion […]. Permettre aux jeunes de s’inclure socialement dans la croissance peut amener le changement radical », avance t-il. C’est dans cette même veine que Michèle Boisrond fait la promotion de l’éducation Sciences Technologie Ingénierie Mathématiques (STIM). D’autant plus que bon nombre de jeunes sont utilisateurs d’internet, détenteurs d’un compte Facebook et/ou instagram mais ne comprennent pas ce qui se passe dans les technologies « en dehors de l’utilisateur, de l’homme de views et de l’influenceur », comme le souligne Kesner Pharel. Or, « c’est un moyen que la technologie doit représenter pour nous, non une fin ». Cela dit, il est essentiel de comprendre cela si l’on veut être acteurs de développement via l’Université, l’entrepreneuriat et la technologie.
Leila JOSEPH
#BustekMedia