Sous un soleil qui peinait encore à s’étendre royalement, ce dimanche ordinaire s’annonçait quelque peu différent pour cette jeune femme aux allures de “québécoise” qui franchissait timidement les locaux de Bustek Media pour cette entrevue.
Vêtue d’un chemisier Pink, enroulé jusqu’à l’avant-bras, son foulard autour du cou laissant légèrement apparaître un collier fabriqué de mains d’hommes.
Boucles d’oreilles assorties, Jeans sur mesure, basket Pink, Jhana Gustave fit l’effet d’une jeune codeuse sortit tout droit d’une série tendance, prête à démontrer au monde ce qu’elle sait faire le mieux : CODER.
Si pour certains le choix de devenir ” Programmeur” est auto diriger, cette ancienne étudiante à l’Ecole Supérieure D’infotronique d’Haiti (ESIH), caressait dès son plus jeune âge le rêve de devenir Juge à la Cour Suprême.
Juge ? Oui ! Et c’est ainsi que des mois après son bac, elle se rendit de bon train à l’Ecole de Droit des Gonaïves, pour des études en sciences juridiques.
4 mois passèrent et Jhana Gustave s’est laissé conduire vers cette profession qu’elle aimait tant : Le Droit. « J’ai toujours eu une très bonne capacité de jugement », nous répondit-elle à la question de savoir si elle ferait un bon juge ou pas. « Je suis sûre que j’aurai réussi peu importe la discipline que j’avais choisie car dès que je me lance dans quelque chose, je m’y adonne à 100% ».
Comment une aspirante à l’école de la magistrature s’est vue être convertie en “programmeuse” freelancer ?
« Un jour, en me rendant à l’Infotronique pour rendre visite à un proche, j’ai rencontré un des responsables qui m’a suggéré d’entreprendre des études en sciences informatiques » nous confia-t-elle. Coup de chance, fruit du destin, ou simple coïncidence, Jhana reçut l’invitation de poursuivre ses études dans une autre discipline, qui allait devenir au fil du temps, sa passion. Elle a abandonné ses études en droit et a embrassé son nouvel amant, ses études en sciences informatiques.
« J’ai été stupéfaite de tout ce que je pouvais faire grâce à l’informatique. Après une semaine de cours, j’ai changé le système d’exploitation de mon ordinateur. Linux est désormais mon point d’attache », a avoué Jhana Gustave, l’air enjouée.
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Elle confie que dès les années préparatoires la “sécurité informatique” et le “piratage” ont été ses coup de cœur. Et aujourd’hui encore elle s’y spécialise.
Mère d’un jeune garçon, Léo, Jhana peine à trouver des adjectifs pouvant la décrire. ” CATÉGORIQUE” fut le seul mot qu’elle trouva car pour elle, qu’il s’agisse du travail ou de sa vie personnelle, ses “NON” restent pour elle des décisions de non-retour.
De nature fonceuse, de part les efforts qu’elle a dû faire pour travailler comme “tout le monde”, afin de s’émanciper dans un métier en pleine effervescence, défend le fait que selon elle, il n’existe aucune différence entre un homme et une femme “programmeur”. Pour elle, c’est la capacité d’apprendre, de maîtriser les codes, de travailler sur soi tous les jours qui marquent l’excellence d’un homme ou d’une femme dans ce domaine.
Co-fondatrice d’une communauté de développeurs dénommée “Code 9 Haïti”, cet event manager à Best Haitian App Awards et qui maîtrise Python et Django, se donne pour objectif de ne laisser aucune opportunité lui glisser sous les doigts. Elle a comme régime journalier de se perfectionner et d’évoluer autant que l’informatique elle, évolue.
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Jhana est membre de plusieurs organisations de femmes en technologie et conçoit très mal le fait que certains décident de ne pas se lancer sous prétexte que c’est un domaine réservé aux hommes. Elle renchérit pour dire que ce domaine est encore vierge en participation féminine, c’est donc le meilleur moment pour des femmes de se lancer.
Selon Jhana, il ne suffit qu’un ordinateur et une bonne connexion internet pour apprendre la programmation. Elle encourage donc plus de femmes à se lancer.
Cette femme qui concilie vie maternelle et vie professionnelle avoue que son fils de 7 ans en a lui aussi goûté au pollen de la technologie, car à son âge, il manipule déjà très bien les gadgets.
Si pour certains les hommes en technologie sont des “geeks”, Jhana accepte d’être une “Women Geek”, car son amant, son mari et même reste (à ses mots) son ordinateur. Selon elle, elle aura le temps de trouver le grand amour.
Celle qui porte des “lockes” et qui est areligieuse, se dit être dans un carrefour de sa vie où elle se sent comblée et épanouie.
Son plus grand rêve ? Posséder une entreprise qui se base sur la robotique et l’intelligence artificielle.
Faisant du “dark mode” un style de vie, Jhana Gustave fait partie de ces femmes qui maîtrisent son domaine et qui font de la programmation une passion.