Les responsables du très populaire réseau social appelé TikTok ont annoncé avoir supprimé plusieurs comptes du chef du gang « 5 segonn ». La nouvelle s’est répandue telle une traînée de poudre sur les réseaux sociaux depuis son annonce.
« Les gangs haïtiens utilisent TikTok, Instagram, Twitter pour recruter et terroriser », titre The Washington Post ce samedi 11 juin écoulé. La rédaction du quotidien américain a dit avoir effectué des recherches sur l’utilisation des médias sociaux par les gangs en Haïti.
The Washington Post a, dans la même veine, fait savoir qu’il a contacté TikTok dans le but de réclamer la suspension définitive des comptes du caïd de Village de Dieu. En conséquence, le numéro 1 du gang « 5 segonn » s’est vu éjecté du très populaire réseau social avec ses 9 millions de vues.
Dans un mail adressé au quotidien américain, un porte-parole de la plateforme affirme qu’« Il n’y a pas de place pour l’extrémisme violent ou la promotion de la violence sur TikTok ».
« Nous supprimerons le contenu et bannirons les comptes qui enfreignent nos politiques alors que nous nous efforçons de favoriser un environnement sûr et accueillant », renchérit la missive.
Une plateforme pour inspirer la créativité et divertir
« La mission principale de TikTok est d’inspirer la créativité et de divertir sa communauté », peut-on lire dans l’introduction du texte de la politique de confidentialité du réseau social. La plateforme de création et de partage de courtes vidéos travaille afin de préserver un environnement bienveillant pour sa communauté. C’est en fait la raison pour laquelle le réseau social établit des règlements, lesquels visant à favoriser un espace sûr pour tous ses utilisateurs.
« Chez TikTok, nos priorités sont la sécurité, la diversité, l’inclusion et l’authenticité », poursuit la politique de confidentialité du réseau social chinois. « Nous n’autorisons pas sur notre plateforme les personnes ou les organisations qui promeuvent ou qui s’adonnent à la violence, notamment les organisations terroristes, les groupes haineux organisés, les organisations criminelles et les groupes armés non étatiques qui prennent les civils pour cible », y est-il plus loin souligné.
À partir du moment où une personne crée un compte sur TikTok, elle accepte ipso facto ces principes. Et TikTok se réserve le droit de supprimer tous contenus, y compris videos, fichiers audio, livestreams, images commentaires, liens, textes et même les comptes qui enfreignent ses principes.
Des contenus contradictoires aux règlements de TikTok
Les contenus postés par « le rappeur amateur Izo » sont en parfaite contradiction aux règlements et politiques de confidentialité de l’application. Car TikTok interdit formellement aux organisations terroristes et criminelles ainsi que les groupes armés non étatiques prenant les civils pour cible d’utiliser sa plateforme.
Soulignons au passage que TikTok n’accepte pas « la représentation, la promotion ou le commerce d’armes à feu, de munitions, d’accessoires d’armes à feu ou d’armes explosives » sur sa plateforme.
Tenant compte de ces règlements communs aux réseaux sociaux, le chef de gang avait pendant un certain temps commencé à restreindre l’apparition d’armes lourdes dans ses vidéos. Le caïd a, tout compte fait, déjà été banni de Twitter, de Facebook et d’Instagram qui, quant à eux, ont supprimé ses contenus affichant des armes ou autres formes de violence. Ses profils restent cependant intacts sur les réseaux internes de Meta.
De son côté, la filiale de Meta, WhatsApp, ne peut pas tracer les images et vidéos faisant promotion de la violence en raison du chiffrement de bout en bout. Ce dernier ne permet qu’à la personne ayant envoyé et celle ayant reçu un message d’avoir accès à ce contenu.
Normalement, même WhatsApp n’a pas accès au contenu d’un message partagé entre deux utilisateurs. Demeurant la plateforme de messagerie la plus utilisée en Haïti, aucune décision ne peut être prise par WhatsApp dans ce contexte.
Encore présent sur Facebook et Instagram, « Izo » y a posté de nombreuses stories pour exprimer son mécontentement face à la décision de Tik Tok.
« Les bandits n’auraient jamais été aussi puissants en Haïti sans les médias sociaux », a déclaré Yvens Rumbold à Washington Post.
Certes, les bandits ont toujours existé dans toutes les sociétés. Mais ils n’étaient pas si puissants et n’avaient pas toute cette liberté. Ceux opérant en Haïti sont aussi des influenceurs avec des milliers de followers tels des artistes et des personnages publics…, comme nous pouvons le constater depuis plusieurs années. Ils participent même à des documentaires produits par des médias étrangers et passent en direct avec des milliers d’abonnés actifs.
Les images circulant sur les réseaux sociaux montrant des individus armés et leurs exactions deviennent monnaie courante de jour en jour. Pour l’heure, aucune déclaration n’a été enregistrée ni du côté des organismes de défense des droits humains ni du côté du gouvernement à ce sujet. Le caïd de Village de Dieu peut, malgré tout, encore continuer à créer de nouveaux comptes pour être présent pour ses fans sur les réseaux.