Comprendre les différentes étapes de croissance d’une startup à travers l’histoire de Solo Groupe

L'idéal de toute startup est de devenir une entreprise stable et rentable. Pour y arriver, elle doit passer par différentes étapes de développement. C'est le cas, notamment, de Solo Group, une entreprise Haïtienne, fondée par l'entrepreneur et professeur d'université Mike Bellot. 

Etape de croissance d'une startup a travers l'histoire de Solo Groupe

« Une start-up est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle », définit Steve Blank, un des godfathers de l’entrepreneuriat. En effet, une startup est caractérisée par sa temporalité. En d’autres termes, une «jeune pousse» est destinée à croître jusqu’à se transformer en entreprise. Pour cela, il est essentiel qu’elle établisse et stabilise un modèle économique. D’ailleurs, chaque étape de développement d’une startup contribue à la consolidation de ce « business model ».

Par ailleurs, conventionnellement, on parle de cinq étapes de développement de startup. Aussi, chaque stade comporte son lot de défis, d’objectifs à atteindre et d’épreuves. Dans un interview accordé à BUSTEK MEDIA, Mike Bellot raconte l’histoire de son entreprise : Solo Group.

Solo Group : Une entreprise innovante à potentiel de croissance

« Solo Group fait partie des rares entreprises innovantes d’Haïti. Cette entreprise apporte une solution et génère un impact dans la société », affirme Mike Bellot, économiste de formation. 

Mike explique que le produit phare de son entreprise est  Solo Bag, un sac à dos équipé d’un panneau solaire, capable d’éclairer et de recharger un téléphone. Cette idée lui est venue à la suite d’ une tragédie arrivée à un de ses cousins. Celui-ci étant écolier, étudiait en se servant d’une bougie comme éclairage. Par malheur, cette bougie provoque un incendie dans la maison dans laquelle ce dernier n’a pas survécu. 

« C’est de là que m’est venue l’idée car je me suis dit que ce n’était ni la première fois ni la dernière que cela se produirait », a déclaré le PDG de Solo Group. Ainsi son entreprise a-t-elle entamé sa première étape de croissance : l’idéation. 

Première étape de croissance : L’idéation

L’idéation consiste à proposer une idée innovante pouvant solutionner un problème réel. Aussi, le startuper génère des idées et fait des recherches. A ce stade, il est contraint de financer lui-même son projet. De plus, il doit faire des tests de la demande et définir son public cible. 

« J’ai fait des brainstormings, cherché des idées et je me suis arrêtée à Solo Bag, solution pratique qui rentre dans le quotidien : un sac-à-dos pour écoliers », nous a confié M. Bellot. 

« En 2017, je me suis lancé, j’ai travaillé sur l’idée jusqu’à avoir la validation du marché. Pour l’obtenir, j’ai dû participer à plusieurs événements.», a-t-il ajouté. L’entrepreneur avoue que la tâche n’a pas été du tout facile pour arriver à la concrétisation de son idée.

Deuxième étape : La création de l’entreprise

Pour mettre en place l’entreprise, il faut créer un prototype et définir une stratégie d’acquisition de clients. Cette deuxième étape de développement, dite étape de création, a été assez pénible pour Mike Bellot, selon ses confessions. Pour lui, il s’agit du stade de production. 

« Après la venue de l’idée, j’ai créé des prototypes. Ça m’a pris du bon temps avant de pouvoir me lancer sur le marché », explique le créateur de Solo Bag. Il confie également que cela est dû aux difficultés à trouver du financement pour le projet. 

« Nous nous sommes lancés en 2017 et c’est jusqu’en 2019 que nous avions pu faire notre grande production de masse, par manque de financement », confesse t-il. Cela se comprend car à cette étape, ce sont les amis et famille qui financent (Love Money). En effet, M.Bellot affirme que c’est grâce au fonds de ses proches qu’ il a pu y avoir une petite production en 2018. Cependant, « Solo Bag doit être produit en quantité afin d’atteindre le public cible. Sinon, le prix serait trop élevé pour le consommateur final. C’est pourquoi nous avons stoppé pour entamer d’autres démarches susceptibles de nous aider à trouver du financement.», a déclaré Mike Bellot. 

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Ainsi, en 2019, Solo Bag a pu bénéficier du fonds de développement industriel (FDI) à travers le Ministère des Finances. « Ce Ministère a une rubrique dédiée à aider les jeunes entreprises dans la production nationale. C’était mon premier grand financement me permettant de produire à grande échelle. C’était un prêt sans intérêt que l’on devait remettre dans un an et demi. C’est grâce à cela que l’entreprise a démarré », confie le jeune entrepreneur.

Troisième étape de croissance: L’amorçage

Après la création de l’entreprise, vient le stade d’amorçage. Il consiste à pénétrer le marché. Aussi, il faut tester une première version de l’offre. De plus, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour générer la traction. Autrement dit, il faut trouver des stratégies marketing adaptées pour attirer des clients. Par conséquent, le produit pourra être amélioré en fonction du marché.

Pour Solo Bag, le modèle économique a été à un premier niveau d’aller vendre les sacs aux consommateurs directement. Ainsi, Solo Group est allé les vendre dans les villes de Province, comme Jacmel et les Cayes, à ses débuts. Cependant, à un deuxième niveau, le modèle économique consiste à faire parvenir le produit au consommateur final par l’intermédiaire d’une tierce personne. Celle-ci achètera en gros pour faire les distributions. C’est ainsi que Solo Group travaille avec des organisations comme Care Haïti, l’Ambassade de Taiwan et l’ambassade de Japon. Chaque année, elles achètent les sacs en gros pour les distribuer dans les zones reculées du pays. 

Il faut dire que Solo Group priorise le deuxième business model car il les aide à mieux atteindre leur objectif, selon ce qu’a fait savoir le PDG. « Solo Group est une entreprise sociale qui n’est pas à 100% profit. Nous croyons dans l’impact. Grâce aux contrats avec les organisations, la masse qui ne peut se payer l’électricité ou un panneau solaire bénéficie du produit » , a déclaré le créateur de sacs-à-dos équipés de panneaux solaires. 

Par contre, il faut aussi souligner que ce business model est beaucoup plus rentable pour Solo Group. Il leur donne un chiffre d’affaires estimé à plusieurs millions de gourdes.

Quatrième phase de croissance : Scaling

Solo Group entend pourtant passer un stade supérieur avec son produit. Il s’agit du quatrième stade : scalling que M. Bellot considère comme phase de diversification. Ainsi, l’entreprise pourrait diversifier son produit afin d’obtenir un chiffre d’affaires plus significatif.

« Nous allons faire des sacs de camping, des voyages, des valises professionnelles », nous a révélé Mike Bellot. « Nous avions un seul modèle de produit. Donc, nous allons tenter de le diversifier ». 

Cinquième étape de croissance : Expansion

« Nous allons couvrir le territoire national car le produit n’est pas encore partout. Et, d’ici Juin 2022, nous allons voir comment nous établir sur le marché international surtout dans les pays du continent africain comme Ghana st Burkina Faso » a affirmé le jeune entrepreneur.

Celui-ci vise déjà à franchir le stade ultime de croissance : l’expansion. Cette étape permettra à l’entreprise d’étendre l’offre sur plusieurs marchés, notamment à l’international.

Une croissance difficile en Haïti

Par ailleurs, M. Bellot énonce plusieurs difficultés qui peuvent nuire à la croissance des startup. Mis à part le manque de source de financement, il déclare que « l’environnement des affaires ne favorise pas la croissance des entreprises et ce, à plusieurs niveaux ». Entre autres, il déplore l’instabilité politique et le manque d’électricité. 

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Pour sa part, Solo Group rencontre souvent des blocages à la douane, puisque leurs matières premières leur viennent de la Chine. En dépit de tout, Mike Bellot avance que les objectifs sont bien définis dans une carte de développement. A chaque étape, ses objectifs propres. Du coup, c’est quand ces objectifs sont atteints qu’il peut voir qu’il passe à un stade supérieur. « Si les objectifs ne sont pas atteints pour passer d’une étape à l’autre, il n y a pas de croissance.»

Leila JOSEPH
#BustekMedia

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